« L’univers des startups est le secteur qui a créé le plus d’emplois en 2020 en France »
VivaTech, le premier salon européen de la tech aura lieu du 16 au 19 juin, avec en têtes d'affiche Tim Cook, le patron d'Apple et Marc Zuckerberg, le fondateur de Facebook. Pour son cinquième anniversaire, l'événement organisé par le groupe Les Echos-Le Parisien et Publicis aura lieu entre présentiel et digital, au vu du contexte sanitaire. Julie Ranty, la directrice générale de VivaTech, revient pour Story Jungle sur cette grand-messe technologique, chahutée par la pandémie.
Julie Ranty
Directrice générale de VivaTech Comment avez-vous vécu l'annulation de l'édition 2020 de VivaTech ?
Cela a clairement été un challenge à gérer, à seulement trois mois de l'événement. Tout était prêt pour faire une belle édition 2020. Dans le contexte de l'année dernière, il y avait des choses plus dures à gérer pour beaucoup de monde que l'annulation d'un événement. Chacun dans son secteur, dans sa vie personnelle, a été frappé par le covid. On s'est adaptés. On a mis à profit cette période pour se réinventer, en accélérant la transition de VivaTech vers un modèle hybride. Nous avons ainsi conçu l'événement en deux volets : présentiel et digital.
Julie Ranty
Directrice générale de VivaTech
De mars à juin 2020, nous étions concentrés sur la gestion de l'organisation. À partir de l'été dernier, on a commencé à dessiner les nouveaux contours de VivaTech 2021. Nous avons essayé de concevoir une expérience digitale en phase avec nos propositions de valeur, centrée sur trois piliers. D'abord, l'inspiration à travers le live stream de nos conférences. Ensuite, le networking avec des algorithmes qui permettent de rencontrer des personnes intéressantes avec lesquelles discuter. Enfin, le dernier volet aborde la découverte d'innovations, retransmises grâce à des modélisations en 3D ou en réalité augmentée, de jouer avec ces innovations, de mieux découvrir leurs applications.
«Nous souhaitons rendre le reste de l'événement VivaTech le plus simple, lisible, ergonomique possible (...) La priorité est de permettre la visibilité de nos contenus et d'en faciliter l'accès.»
Vous vous êtes inspirée d'événements virtuels comme le Laval Virtual ?
On a beaucoup regardé ce qui s'était fait lors des grandes compétitions sportives, d'événements politiques comme la Convention démocrate, les cérémonies musicales comme MTV Video Music Awards. On a ouvert nos chakras, sur tout type d'événement qui a su se réinventer en ligne. On a choisi de garder la partie 3D – comme cela a été le parti pris du Laval Virtual – seulement sur la découverte de certaines innovations. On souhaite rendre le reste de l'événement VivaTech le plus simple, lisible, ergonomique possible. Notre programme est dense, avec un grand nombre d'innovations, de personnalités, de startups à découvrir. La priorité est de permettre la visibilité de nos contenus et d'en faciliter l'accès.Vous avez lancé VivaTech News, une chaîne accessible en clair disponible sur les réseaux sociaux. Comment cela va-t-il s'organiser ?
Plusieurs dizaines de reporters travailleront sur VivaTech News. Chaque jour, de 9 à 19 h, un plateau sera animé avec des invités et les journalistes partiront en reportage dans les salles de conférence, dans les allées, sur les stands des exposants, sur les scènes de speech de startups.«En 2020, les startups françaises ont battu le record de levées de fonds.»
Quels vont être les grands thèmes de cette édition 2021 ?
D'abord, la tech au service de l'environnement : comment la technologie apporte des solutions aux grands enjeux environnementaux – lutte contre le réchauffement climatique, préservation des océans, lutte contre le gaspillage. Ensuite, la tech au service de l'inclusion : comment l'innovation permet à des personnes âgées d'accélérer leur connexion au digital, des innovations autour de la santé, de l'éducation qui permettent de donner accès à un équipement numérique au plus grand nombre. Vient la thématique scaling up : il y a quatre ans, l'enjeu était de faire émerger des startups, faire un écosystème vibrant. En 2020, les startups françaises ont battu le record de levées de fonds.Aujourd'hui, l'intérêt est de se demander : comment on fait pour faire émerger davantage de champions du numérique européens ? Le français Ledger vient de lever 380 millions et devient une licorne (16e). Il s'agit de la deuxième plus grosse levée de fonds de l'histoire de la French Tech. On aura le plaisir d'accompagner un projet initié par le président de la République, intitulé Scale-Up Europe, qui sera sur place. Un des autres thèmes sera Tech to Watch, l'idée que VivaTech joue son rôle de décryptage des tendances d'innovations émergentes, à très court terme : comment la 5G va impacter le secteur de la santé, la smart city, et toutes ces thématiques-là. Mais ce sont aussi des enjeux plus prospectifs avec le quantique, sur lequel la France investit énormément, ou encore l'espace, qui est une nouvelle terre de conquête pour les startups et la tech. Enfin, un dernier sujet sur le « Future of Work » : quelles sont les best practices, un retour sur ce qui est à garder et à améliorer pour le futur du travail, quels sont les outils qui se sont développés. Manpower utilise ainsi la data pour favoriser les transitions de carrière des équipes.
Il y a un vrai problème de représentation des femmes dans la tech. Pour y remédier, vous avez lancé le Female Founder Challenge. Pouvez-vous en rappeler le principe ?
Le Female Founder Challenge a été lancé il y a trois ans maintenant avec un objectif : favoriser l'accès au financement pour les femmes. Aujourd'hui, il y a trop peu de femmes à la tête des startups. Moins de 10 % des fondateurs de startups sont des femmes. Elles lèvent par ailleurs beaucoup moins de fonds que les hommes. Ce prix a pour vocation d'identifier des femmes fondatrices de startups prometteuses, et de les mettre devant un jury d'investisseurs français et internationaux qui pourront les aider dans leur process.Quels sont les invités les plus prestigieux que l'on peut s'attendre à voir ?
Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, qui vient pour la deuxième année consécutive. Il partagera le haut de l'affiche avec Tim Cook, CEO d'Apple. Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur est attendu. Dans un autre registre, Eric Yuan, le fondateur de Zoom, sera aussi présent aux côtés de Dan Schulman, de PayPal, ou encore Jonathan Cherki, Thibaud Hug de Larauze et Adrien Nussenbaum, les patrons des licornes françaises Contentsquare, Back Market et Mirakl.Pourquoi la France a-t-elle tant besoin de startups ?
L'univers des startups est le secteur qui a créé le plus d'emplois en 2020 en France. C'est une très bonne première raison, surtout dans le contexte actuel. L'entrepreneuriat est un parcours hyper enrichissant, inspirant, qui stimule la créativité, l'audace. Il y a cette envie de défricher de nouvelles tendances, en pointe sur des sujets clés, sur des enjeux de souveraineté, le quantique, le cloud, où il est essentiel que la France prenne position.Crédit photo : vivatechnology