Thought leadership : les cinq enseignements clés

« La vidéo avec Éric et Ramzy, c'est trois semaines et demie de montage pour une vidéo de 57 minutes. Et si toutes les vidéos que je fais chaque semaine doivent être dans cette lignée, aussi longues, avec des invités et un concept, mes équipes et moi on va faire un giga burnout ! » Burnout, le mot est lâché par Squeezie, premier youtubeur français avec ses 17,9 millions d'abonnés, dans un live sur Twitch repéré par le média Interlude. Et il n'est pas le seul. De plus en plus de streamers osent aborder la question de l'épuisement physique, mental et émotionnel que peut entraîner cette quête infinie du prochain concept original « qui va casser les internets » et le rythme effréné de publication qui en découle. De McFly et Carlito, dont la production de vidéos est actuellement sur pause, à HugoDécrypte, qui fend l'armure pendant un entretien avec Hugh Jackman et se demande s'il n'est pas en train de rater une grosse part de sa vie personnelle, en passant par Mastu et ses vidéos intitulées Ma dépression et J'ai besoin d'une pause... tous dénoncent une forme de course à la superproduction qui nécessite toujours plus de moyens, humains comme financiers. Une « Hollywoodisation » de la plateforme, en somme, qui épuise les corps et éponge les cerveaux.

Pourquoi c'est un pavé ? Derrière toutes ces prises de parole sur le sujet, une oreille attentive reconnaîtra la même petite musique de fond qui s'amplifie petit à petit depuis une paire d'années : celle d'une génération ultra créative qui, à force de vouloir casser les codes sur YouTube ou Twitch, finit par reprendre ceux de la bonne vieille télé à la papa... Un constat que dressait déjà ZeratoR, l'un des plus gros streamer français, en novembre 2022 dans un article de Télérama – « C'est illusoire de penser qu'on ne s'inspire pas de la télé : on fait des émissions qui ressemblent à Intervilles et qui existaient il y a trente ans » – et partagé par la chanteuse et influenceuse Sindyl, dans un thread Twitter : « Sur YouTube, maintenant, il faut trois invités, sept happenings, deux mecs qui font la roue, quatre caméras, huit micros-cravates et une production. Quand on disait il y a encore deux ans que ça ne deviendrait jamais la télé... [...] Dans un sens, on se professionnalise. Dans l'autre, il y a moins d'authenticité, plus de pression. » « J'ai mis un pied dans la production télé », sourit Mastu dans les colonnes du Figaro, lui qui s'est également lancé dans cette escalade pour satisfaire ses cinq millions d'abonnés et s'approcher des superproductions de MrBeast, référence en la matière. « Beaucoup de gens se détruisent pour faire des concepts de fou. [...] Il y a beaucoup de gens qui subissent ça, qui sont dans cette boucle de "je fais une vidéo banger"... Ça crée une pression et c'est comme ça que tu finis par faire un burnout ! » Ou, dans le cas d'Inoxtag et son défi de vaincre l'Everest après un an seulement de préparation, en Mr Freeze...