Le Laval Virtual : “un événement où le physique et le virtuel se répondent et se complètent”
Le Laval Virtual tiendra sa 23e édition du 7 au 9 juillet 2021, dans l'Espace Mayenne. Après une édition totalement virtuelle en 2020, le salon de promotion des réalités virtuelle et augmentée revient sous un format hybride. Laurent Chrétien, directeur général chez Laval Virtual, partage les enseignements de l'année écoulée et l'organisation de la nouvelle formule.
En 2020, vous avez dû organiser le festival dans des délais très courts, pris de court par la crise covid. En un mois, la formule a dû être repensée sous un format entièrement digital. Quels enseignements avez-vous pu tirer de l'édition 2020 ?
Nous sommes devenus un gros opérateur d'événements virtuels. 150 événements ont été organisés depuis l'année dernière. Nous avons été sollicités à la suite du succès de notre événement pour aider des structures à monter des événements virtuels. En fin d'année, on avait accompagné 70 événements. Depuis le début de l'année, on en est à 80.L'événement vous a permis d'acquérir une plus grosse notoriété...
Oui. Cela nous a également permis d'embaucher du monde. Quinze personnes ont été recrutées pour gérer cette activité. Je pense que l'on doit être la seule boîte d'événementiel à recruter pendant le covid.Nouveauté, vous allez accompagner également le Montreux Comedy cette année...
Nous avons un département qui accompagne les structures dans l'appropriation des technologies immersives. Le Montreux Comedy fait partie des clients que nous accompagnons. Nous allons les aider à faire du spectacle vivant en réalité virtuelle, avec une nouvelle forme de visionnement des sketches. On va faire du test and learn : essayer sur plusieurs plateformes avec différents outils, et pas forcément avec le casque. Le casque n'est pas synonyme de réalité virtuelle. Seulement un outil parmi d'autres pour faire de la réalité virtuelle.Quelle est votre définition de réalité virtuelle ?
La réalité virtuelle est une combinaison entre immersion, interaction en temps réel et environnement en 3D. L'immersion peut être plus ou moins forte. La réalité augmentée est une couche d'informations numériques que vous superposez à la réalité. Par exemple, lorsque vous regardez un match de foot avec votre smartphone et qu'en zoomant sur un joueur apparaissent ses données biométriques.Votre nouvelle activité est la preuve que la crise a permis d'accélérer la transformation digitale des entreprises, les a encouragées à innover.
Cela a pris de l'ampleur. La crise du covid a fait gagner de 4 à 6 ans, non pas en termes de technologie puisqu'elle était déjà présente – mais en termes d'état d'esprit. Les entreprises ont pris conscience qu'il s'agissait de technologies utiles, qui permettent d'envisager efficacement les événements, les liens avec les travailleurs, d'imaginer des formations plus efficaces dans la faculté à mémoriser, mais aussi dans la diffusion de ces formations au sein des collaborateurs. La crise a permis de briser la glace. Auparavant, c'était quelque chose qui semblait complexe, difficile. Nous n'en sommes qu'au début.«L'événement physique va réduire en taille, mais augmenter en valeur et en qualité»
Par rapport au format adopté cette année, vous avez décidé de faire un événement hybride. Comment l'avez-vous envisagé ?
On aime bien appliquer à soi-même ce que l'on recommande aux clients. Nous sommes convaincus qu'il n'y aura pas de retour à l'identique de ce qui se passait avant la crise covid. Les événements vont devoir prouver leur valeur, aussi bien les exposants que les décideurs. De nombreux événements qui ne servaient pas à grand-chose vont être éliminés. D'autres ne vont jamais reprendre leur taille d'antan. Au lieu de dépenser des fortunes pour être exposant sur un salon, des entreprises vont s'intéresser au digital.L'événement physique va réduire en taille, mais augmenter en valeur et en qualité. Deux cibles se côtoient : celles de proximité et celles que je peux atteindre par le digital. Le virtuel va permettre d'augmenter l'événement physique. Il va être augmenté par des dispositifs virtuels qui vont permettre de toucher des gens, à moindre coût. Il y a aussi cette notion d'économie de CO2 derrière. Les gens se déplacent en général de loin pour venir.
Nous sommes persuadés que nous allons vers des événements hybrides. Nous avons donc conçu un événement où le physique et le virtuel se répondent et se complètent. Les programmes de conférences ne sont pas les mêmes en physique et en virtuel. Pareil pour les exposants. Quelques opérations resteront physiques, comme notre remise de prix qui sera retransmise pendant le Laval Virtual.
Il y a-t-il des événements qui vont ont plu et inspiré ?
Cette année a été tellement chargée que nous n'avons pas eu le temps d'analyser ce qu'il se passait sur d'autres événements. Je ne crois pas avoir vu d'absolue réussite, y compris ce que nous avons organisé avec la Fédération des industries nautiques (FIN), qui souhaitait créer un événement virtuel à la suite de l'annulation du salon Nautic 2020. Cela a été une belle opération, mais nous avons été déçus par la fréquentation. C'est normal. On en est au début, au stade des premières expérimentations. Il y a toute une expertise à développer. Aujourd'hui, on en est capable.Combien de personnes attendez-vous ?
Je ne sais pas encore, cela évolue vite. On sent bien que les visiteurs ont encore un peu de mal à se déplacer. Je serais content d'atteindre les 3 000-4000 visiteurs en physique. En virtuel, on était à 6 600 l'année dernière. L'objectif est le même aujourd'hui.Quelques invités prestigieux sont conviés à la fête ?
C'est une bonne question. Juste avant le salon professionnel, le 6 juillet, on organise les Assises Éthiques et technologies du futur qui ont pour but de réfléchir à l'impact des techniques complexes sur les hommes et les femmes, sensibiliser les entrepreneurs à ces enjeux. Il s'agit d'une session gratuite, en physique et virtuel avec des invités de choix : Cédric Villani, mathématicien et homme politique, Étienne Klein, spécialiste de la physique quantique, Éric Salobir, conseiller éthique au Vatican, ainsi que Owen Simonin ou encore le philosophe Gaspard Koenig. L'objectif est de débattre des impacts des technologies sur notre rapport au temps.crédit photos : Laval Virtual