“Le public jeune doit apprendre à diversifier ses sources d’information”
Les plateformes se mobilisent pour lutter contre le harcèlement et la désinformation en ligne. Instagram a lancé ce 21 septembre une campagne de sensibilisation en ligne, nommée #LePoidsdesMots, avec l'association Génération Numérique. De son côté, avec son programme EspritCriTik, TikTok œuvrait pour aider les jeunes utilisateurs à lutter contre la désinformation. Entretien à propos de ces initiatives avec Cyril di Palma, délégué général de l'association Génération Numérique.
Quel est votre rôle à Génération Numérique ?
En 2003, j'ai créé une précédente association du nom de Calysto en 2003. Celle-ci a fermé ses portes en 2015. On a repris l'activité sous le nom de Génération Numérique, dès 2015. Je suis à l'origine du « Tour de France des collèges », une opération proposée au ministère de l'Éducation nationale en 2004. L'objectif : mener une mission d'éducation pour sensibiliser les élèves, les parents et les professeurs aux bons usages d'Internet et des outils numériques.Dès le début, j'ai voulu travailler avec les parties prenantes, c'est-à-dire les plateformes, les éditeurs de logiciel de sécurité, les constructeurs informatiques comme Apple, HP, Microsoft, Symantec, Google, en leur expliquant qu'il en allait de leur responsabilité d'entreprise d'apprendre au jeune public à se servir correctement des outils.
Dernièrement, vous avez lancé une opération de sensibilisation avec Instagram contre le harcèlement, le Poids des mots. Quel en est le principe ?
Il y a deux volets à la campagne. Le premier se passe sur le numérique et consiste à solliciter une douzaine d'Instagrameurs qui vont parler directement aux jeunes sur le sujet du harcèlement, comme Just Riadh. De manière concomitante, il y a l'opération de terrain. Le but est d'aller dans les collèges pour sensibiliser, éduquer les élèves contre le cyberharcèlement. Il y aura 1 800 ateliers en France durant l'année scolaire 2021-2022, animés par les équipes de Génération Numérique.En parlant d'Instagram, la plateforme vient d'annoncer la mise en pause d'« Instagram Kids »... Est-ce que l'on doit se réjouir de l'arrêt momentané de ce projet ?
La réflexion d'Instagram est la suivante : au lieu d'avoir des jeunes de moins de 13 ans qui s'inscrivent sur les plateformes en mentant sur leur âge, ne vaudrait-il pas mieux développer une plateforme dédiée ? Tout ne passe pas par la technique. Il est possible d'offrir un environnement plus sécurisé. Cela a été le cas avec YouTube Kids. YouTube a créé une plateforme avec des contenus validés de manière plus modérée. Généralement, il s'agit de contenus issus de producteurs de contenus pour enfants. L'enfant peut interagir dans un environnement plus sécurisé. Cela n'empêche pas certains enfants d'avoir un compte YouTube « pour adulte ». Il faut juste savoir qu'il existe une solution. C'est comme si vous aviez une chaise enfant : si vous ne l'utilisez pas à bon escient, cela ne servira pas à grand-chose. La partie éducation concerne aussi les parents. Dans le cadre de la campagne que l'on mène avec Instagram, il y a des réunions avec les parents d'élèves. La grande majorité des parents donnent un téléphone portable à leurs enfants sans prendre la mesure de ce qu'ils vont faire avec. On leur ouvre les yeux.«Le public jeune doit apprendre à diversifier ses sources d'information, ne pas croire d'emblée ce qu'il voit sur les réseaux sociaux»