Facebook
se rêve en juge de confiance Cette
semaine se tenait la conférence F8, la grand-messe annuelle de Facebook
pendant laquelle Mark Zuckerberg a pour coutume d'annoncer les innovations à
venir dans le Groupe. Une fois de plus, le CEO a multiplié les annonces
« copier-coller » : site de rencontre, filtres AR et appels vidéo
groupés pour Instagram (en réaction aux mêmes fonctionnalités créées par
Snapchat il y a quelques jours), lancement officiel
d'Oculus
Go (pour contrer Samsung Gear VR)... Les
annonces en réaction se sont enchaînées. Mais peu importe. Une bonne stratégie
de suiveur est une stratégie comme une autre. Alors pourquoi pas.
En
post-audience du scandale Cambridge Analytica, notre regard s'est néanmoins porté sur le
sens éthique que Facebook donne à son Groupe. Protection de la vie privée, fake
news, Mark Zuckerberg a-t-il enfin compris les problèmes soulevés par son
réseau social ?
Oui. Facebook a compris.Sur
la scène du San Jose McEnery Convention Center, le CEO a annoncé la création,
dans les mois à venir, d'une fonction permettant de supprimer intégralement son
historique de navigation. Un coup stratégique qui tombe à point. "Quand
nous surfons sur le Web depuis un navigateur, nous pouvons effacer notre
historique de navigation en supprimant nos cookies. Nous voulons vous donner la
possibilité d'en faire de même sur Facebook" a-t-il déclaré.
La
création de cette nouvelle fonctionnalité permettra de savoir quels sites et
applications ont accès à vos données et envoient des informations à Facebook. Ces
derniers permettaient notamment d'améliorer les contenus qui apparaissaient en
priorité dans votre fil d'actualités et le ciblage publicitaire qui vous était
adressé. Plus les données Facebook sont précises, plus les publicités et les
contenus sont ciblés. La suppression de l'historique de navigation sur le
réseau social, devrait donc délivrer une expérience Facebook moins
personnalisée.
Facebook n'a réellement compris
qu'à moitié. En
réalité, Facebook continuera bien de collecter les données personnelles de ses
utilisateurs. Même supprimées, ces données devraient être conservées avec
d'autres données anonymes qui pourront
être utilisées
par des tiers (applications et
sites). Si l'annonce permet au réseau
social de faire un beau coup de communication, il faudra attendre quelques mois
pour savoir concrètement jusqu'où Facebook est prêt à s'engager. Le doute
s'installe désormais autour des annonces de Mark Zuckerberg. D'autant plus que
lundi dernier (1 jour avant la conférence)
Jan Koum,
cofondateur de WhatsApp, a annoncé son
départ... suite à des désaccords avec la ligne imposée par Facebook au sujet de
la confidentialité des données personnelles.
En plein désaveu, Facebook se
fait ironiquement guide de confianceSuite
à la F8 Conference,
le
CEO a annoncé que le réseau social avait sondé
ses utilisateurs sur la crédibilité de diverses sources d'informations. Sur la base de ces données, Facebook devrait favoriser ou au contraire supprimer les publications sur le fil d'actualité des utilisateurs pour lutter contre la propagation des fake news.
Le
réseau social, se positionne donc désormais en grand juge, séparant les médias
dignes de confiance et ceux qui ne le sont pas.
Le
tout dans un contexte de chute de l'engagement de l'ensemble des médias (historiques comme natifs) sur le réseau
social.
S'il
on peut entendre que les contenus de confiance les plus engageants se doivent
de résonner plus fortement auprès des membres de Facebook, force est de
constater que Mark Zuckerberg « ne comprend rien au journalisme »
comme l'a titré
The
Atlantic suite à un entretien avec ce dernier.
Car si le PDG de Facebook insiste sur l'importance du journalisme dans nos
sociétés et la nécessité de développer le journalisme d'investigation, le
réseau social reste une entreprise média sans journalistes, s'appuyant sur les
contenus de médias tiers : des contenus délocalisés puisque les publishers sont désormais obligés de les publier directement depuis Facebook (coupant ainsi les revenus de
ces mêmes médias) ; Facebook qui refuse, d'ailleurs, de rémunérer ces derniers.
Toujours
plus fort, dans le même entretien, Mark Zuckerberg explique à un parterre de
journalistes, qu'une opinion ne se construit pas avec le regard des médias et
des journalistes, mais avec celui de ses pairs, plus aptes, selon lui, à livrer
différents points de vue sur une même information. De quoi fâcher ceux dont il
dit vouloir prendre la défense...